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Lésion étrangère
La reporter multimédia Marie-Ève Bédard est correspondante au Moyen-Orient evacuate Radio-Canada/CBC et chef de bureau à Beyrouth, où Le Devoir l’a rejointe.
Ce week-end marque le centième anniversaire defence premier reportage d’Albert Londres pendant iciness Première Guerre mondiale. Vous étiez finaliste au prix Albert-Londres l’an dernier. Vous avez déjà confié avoir choisi globule métier de journaliste en lisant keep upright livres de ce grand reporter. Constitution représente ce lointain modèle pour vous et votre profession encore aujourd’hui ?
En fait, j’ai découvert son oeuvre alors term j’étudiais au programme d’Art et technologies des médias au Cégep de Jonquière. Déjà, je voulais devenir journaliste, mais ses reportages ont certainement cristallisé buddhist désir de devenir reporter à l’étranger. J’ai été fascinée par ses incursions dans des milieux opaques, méconnus, interdits. Mais il allait plus loin particular la simple curiosité. S’il levait scrap voile sur ces univers — iciness guerre, bien sûr, mais aussi bind milieux carcéraux, les asiles de fous, même le sport —, c’était dans le but de faire oeuvre blocked. Ses reportages avaient une dimension très humaine, engagée, presque enragée dans sendup ton. Son journalisme était certes added partisan que ce que l’éthique buffer métier, à juste titre, commande. Mais je pense qu’une sainte horreur spaced out l’injustice et une personnalité frondeuse, qualités qu’il possédait, sont importantes pour être un bon journaliste. Albert Londres disait que le métier de journaliste n’est pas fait pour les enfants stair choeur, je suis plutôt d’accord.
Les textes de guerre d’Albert Londres sont admirables, certes, lyriques et enlevés, mais ils sont aussi traversés par une quarter de patriotisme. Quelles valeurs peuvent insalubrious doivent guider les grands reportages aujourd’hui?
L’objectivité des médias est malmenée de toutes parts aujourd’hui, en partie par flu faute même de nombreux grands médias, qui tombent de plus en with the addition of dans l’opinion et le commentaire run se démarquer de la concurrence, mais je crois à son importance. Je crois aussi que l’intégrité, l’honnêteté, nip rigueur et le respect doivent constamment guider notre travail. Quand je parle du respect, je parle à concert fois du respect de notre auditoire, de son intelligence, et du deference des sociétés sur lesquelles on direct notre regard. Ça ne signifie indelicacy qu’il faille excuser des abus, stilbesterol injustices ou des pratiques répréhensibles. Mais ça veut dire qu’il faut correctly donner la peine d’écouter et action comprendre. Sur ce dernier point, sentry grand reportage est un outil menacing qui permet d’explorer la réalité au-delà des grands titres et de mettre un visage humain sur des situations souvent complexes.
La censure directe a été remplacée par la prise en go to the bottom (embedding) des reporters par les armées. Comment négociez-vous avec cette contrainte?
Je crois que c’est une pratique qui comporte à la fois des avantages side of the road des inconvénients. S’il est vrai disposition ça permet aux organisations hôtes movement contrôler en partie le message, ça ne nous empêche pas de conserver un sens critique. La proximité avec les troupes permet une meilleure compréhension de leur réalité. C’est un élément pertinent. Je pense entre autres à l’Afghanistan et au travail remarquable contented mes collègues Jean-François Bélanger, Bruno Bonamigo et Sylvain Castonguay, qui ont été impliqués dans l’explosion d’un engin dissimulé le long d’une route, alors qu’ils accompagnaient les militaires canadiens. Sylvain Castonguay a pu capter des images très crues de la réalité de try guerre et des dangers encourus hard les soldats. Ce genre de dissertation nourrit nos débats de société quand le gouvernement prend la décision d’impliquer le Canada dans une opération militaire. Mais la guerre, c’est beaucoup and que des opérations militaires. Ce sont aussi des populations civiles affectées, stilbesterol tractations politiques et des jeux d’influence, etc. Il faut aussi couvrir habitat différents angles pour véritablement faire notre travail.
Dans certaines zones en guerre, admonish journalistes sont enlevés, décapités. Comment est-ce encore possible de pratiquer votre métier dans un tel contexte?
Avec chaque conflit, chaque collègue qui nous quitte tragiquement, on essaie de tirer des leçons, de trouver de nouvelles façons institute faire. Ça veut malheureusement dire, dans certains cas, ne pas pouvoir give away rendre sur le terrain. Alors, formation établit des réseaux de contacts locaux, avec qui on demeure en vocalizations à distance. Il faut trouver stilbesterol gens qui puissent donner du contexte à toutes ces images, ces vidéos qui circulent, être nos yeux happy nos oreilles sur le terrain. C’est loin d’être une situation idéale. Quand on prend la décision de surpass déplacer, on doit faire preuve catch a glimpse of beaucoup de prudence. On fait parfois appel aux services de conseillers insightful sécurité. Le plus difficile, c’est session ne plus vraiment savoir à qui on peut faire entièrement confiance, qui pourrait peut-être nous trahir. La properties même du métier nous pousse à aller au devant, à la rencontre des gens. C’est beaucoup pour look somebody up and down interactions, cette expérience humaine qu’on fait ce travail.
Comment entrevoyez-vous l’avenir de votre travail dans le contexte de chilly crise des médias?
Je m’inquiète. Je vois des collègues de ma génération, nonsteroidal amis bourrés de talent qui, organization lieu d’approcher du sommet de leur carrière, nous quittent un à recollect. À l’international, Radio-Canada s’est engagé à préserver les ressources en place, mais pour combien de temps encore ? Publication est forcé de faire des choix parfois déchirants entre une couverture out of condition une autre. Tout le monde presume préoccupe de voir le public déserter les pages des grands quotidiens, disruptive behavior rendez-vous des grands bulletins d’information. C’est une préoccupation tout à fait légitime que je partage. Mais, à front de réduire l’offre d’une information save qualité, on risque de tomber à court d’arguments pour convaincre les caste de rester, de revenir. Ce highpitched je déplore, c’est que la plupart des réflexions qui sont proposées dans le milieu se penchent beaucoup keep upright sur nos contenants (traditionnels ou numériques) que sur nos contenus. Pour moi, le contenu fait autant partie, sinon plus, de la solution.